Avertissement aux amateurs de copier-coller et aux gardiens de l'orthodoxie
Ce texte est un document de travail, pas un exposé magistral. Son contenu ne saurait faire autorité.

EDMUND HUSSERL
MEDITATIONS CARTESIENNES
Notes de lecture

Nous avons travaillé avec la traduction française des Cartesianische Meditationen parue en 1994 aux Presses universitaires de France, dans la collection Epiméthée.
Les pages indiquées (à droite) sont celles de l'ouvrage.

Texte allemand disponible ici.


INTRODUCTION

Husserl est-il parti de Descartes ? Est-il revenu à Descartes ? Un meilleur spécialiste de Husserl que nous pourrait le dire. Toujours est-il que dans les Méditations Cartésiennes, il inscrit clairement sa propre démarche dans celle de Descartes.
Mais attention. Si Husserl se réclame de la démarche cartésienne, il n'a  rien à voir avec ce qu'on appelle le cartésianisme.
Comme Descartes, Husserl a pour but « une réforme totale de la philosophie pour en faire une science dotée d'une fondation absolue ».
Comme Descartes, Husserl entend rompre avec l'  « objectivisme spontané » et définir un « subjectivisme transcendantal ».
A partir de là, les chemins divergent radicalement.

Donc, au départ des Médiations cartésiennes, le retour à l'ego cogito.

PREMIERE MEDITATION
La voie vers l'ego transcendantal
p. 49
§ 3 - Le renversement cartésien et l'idée téléologique rectrice d'une fondation de la science

Comme Descartes, nous commencerons par une mise en doute radicale de toutes les convictions, de toutes les sciences.
p.50
Mais nous devons aller plus loin que ne l'a fait Descartes, qui « souscrivait par avance à un idéal de la science, celui de la géométrie et, donc, de la science mathématique de la nature ». Pour Husserl, c'est un « préjugé lourd de conséquences ».

Discutons rapidement cette question :
a) « par avance »
« Pour Descartes, il allait de soi d'emblée que la science universelle avait la forme d'un système déductif au sein duquel tout l'édifice devait reposer sur un fondement axiomatique justifiant la déduction. »
La certitude de soi de l'ego fonctionne comme un axiome à partir duquel le reste se déduit à la manière géométrique.
b) Husserl écarte donc clairement tout idéal normatif de la science, aucune science existante ne saurait servir de modèle.
pp.51, 52, 53
§4 - On dévoile le sens téléologique de la science en s'y plongeant comme dans un phénomène noématique
p.54
§5 - L'évidence et l'idée de la science véritable
p.55
« Nous devons acquérir par nous-mêmes tout ce qui a pu donner lieu à des commencements en philosophie. » (p.55)
pp.56, 57
« La question du commencement est (alors) la question des connaissances absolument premières qui seront destinées à porter tout l'édifice de la connaissance universelle, et seront en mesure de le faire. » (p.57)

§6 - Différenciations de l'évidence. L'exigence philosophique d'une évidence apodictique absolument première

Le doute radical doit nous conduire jusqu'à une certitude absolue, une indubitabilité absolue.
pp.58, 59
Nous devons parvenir à une perfection d'évidence qu'on appellera apodicticité.
Le critère de l'apodictiticité est autre chose que la simple certitude de l'être de la chose, c'est l'impossibilité pure et simple de penser son non-être.

§ 7 - L'évidence de l'existence du monde : elle est non apodictique ; elle est incluse dans le bouleversement opéré par Descartes

Qu'en est-il de l'existence du monde ? Apparemment, l'être du monde va de soi. Mais l'existence du monde n'est pas une évidence apodictique.
p.60
Cette évidence n'exclut pas le doute quant à l'existence effective du monde, la possibilité de son non-être. Il peut s'agir d'une illusion des sens ou d'un rêve cohérent.
p. 61
Dépassement de l'objectivisme spontané :
« …que se passerait-il si, en fin de compte, le monde n'était pas du tout la base absolument première du jugement, et si son existence présupposait déjà une base ontologique radicalement antérieure ? »

§8 - L'ego cogito comme subjectivité transcendantale

Nous nous trouvons dans la situation suivante : le monde n'est plus qu'une simple prétention à l'être ; l'existence intramondaine des autres je doit être elle-même mise en doute. Il n'est plus possible de dire « nous », ne subsiste plus que le je de l'expérience philosophique que nous sommes en train de faire.
pp.62, 63
S'abstenir de toute croyance quant à l'être du monde, cela ne revient pas à déclarer son inexistence. Simplement, il n'est plus, pour le je qu'un phénomène d'être.

« Le monde dont on a l'expérience dans le cadre de cette vie réflexive continue d'une certaine manière à exister pour moi, et j'en ai l'expérience comme auparavant, exactement avec le contenu qui, chaque fois, en est corollaire. Il continue de m'apparaître comme il m'apparaissait jusque-là, à ceci près que, puisque je réfléchis philosophiquement, je ne tiens plus pour valide la croyance naturelle à l'être, corrélative de l'expérience, ni n'accomplis cet acte de croyance, alors que, pourtant, cette croyance est toujours présente et qu'elle va de pair avec le regard attentif. » (p.63)
Cette abstention de toute croyance vis-à-vis du monde objectif porte le nom d'épochè phénoménologique ou mise entre parenthèses.
p.64
Ce qu'on appelle phénomènes au sens de la phénoménologie, c'est l'ensemble des visées, des vécus subjectifs.

« L'épochè est (…) la méthode radicale et universelle par laquelle je me saisis comme je pur, avec la vie pure de la conscience qui m'est propre, vie dans laquelle et par laquelle le monde objectif tout entier existe pour moi, tel qu'il est précisément pour moi. » (p.64)

Le monde tout entier pour moi est dans le cogito.
p.65
§ 9 - Portée de l'évidence apodictique du je suis

L'épochè nous conduit à la seule évidence apodictique : l'ego sum ou le sum cogitans, l'être de la subjectivité transcendantale.
Jusque-là, Husserl est d'accord avec Descartes, la démarche cartésienne et la démarche husserlienne se confondent.
« …même un je doute présuppose le je suis. » (p.65)
p.66
Reste à savoir quelle est la portée véritable de cette découverte.
« La certitude apodictique de l'expérience transcendantale concerne mon je suis transcendantal, dans la généralité indéterminée, qui lui est inhérente, d'un horizon ouvert. » (p.66)

§ 10 - Digression. Descartes ne parvient pas à opérer le tournant transcendantal

A partir de là, Husserl se sépare de Descartes.
Trois critiques fondamentales :
a) Descartes est loin dans ses Méditations de s'être affranchi de tous les préjugés scolastiques.
b) La pensée cartésienne est obérée par l'admiration que Descartes portait au modèle mathématique. Il a pensé, à partir du cogito, pouvoir établir une science déductive du monde.
c) Mais surtout, après avoir mis le monde entre parenthèses, il ne saisit pas le caractère transcendantal du cogito et le réintroduit dans le monde sous la forme d'une substantia cogitans.
pp.68, 69, 70
§ 11 – Le je psychologique et le je transcendantal. La transcendance du monde

Donc, le je du cogito n'est pas une partie du monde. C'est une position, un point de vue.
Il ne s'agit pas du je psychologique, du je dont s'occupent la biologie, l'anthropologie ou la psychologie. Le je psychologique est une vie psychique dans le monde.
« Par l'épochè phénoménologique, je réduis le je humain naturel qui est le mien, ainsi que ma vie psychique – domaine de ma propre expérience psychologique – à mon je phénoménologique transcendantal domaine de l'expérience phénoménologique transcendantale de soi. » (p.69)


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