Avertissement aux amateurs de copier-coller et aux gardiens de l'orthodoxie
Ce texte est un document de travail, pas un exposé magistral. Son contenu ne saurait faire autorité.
 

DEUXIEME MEDITATION

Dégagement du champ d'expérience transcendantal selon ses structures universelles
p.71
§ 12 - Idéal d'une fondation transcendantale de la connaissance

Nous avons établi la certitude apodictique de l'ego cogito.  Mais qu'allons-nous faire à partir de là ?
« La découverte cartésienne de l'ego transcendantal offre peut-être aussi un nouvel idéal de la fondation de la connaissance, celui d'une fondation transcendantale. »
C'est cette hypothèse qu'il s'agit de vérifier.
p.72
Il ne s'agira pas d'essayer, comme l'a fait Descartes, de déduire le monde à partir de cette certitude première.
On ne reviendra plus sur l'épochè phénoménologique, qui, rappelons-le, n'a pas coupé le réel en deux domaines, celui du monde et celui de la conscience, mais bel et bien défini ce que nous pouvons saisir du monde comme pur contenu de conscience.

De plus, la conscience elle-même, le je se présente à nous sous deux aspects : en tant que sujet - le cogito proprement dit - et en tant qu'objet de la conscience réflexive.
L'épochè a défini une sphère d'être d'un genre nouveau : l'expérience transcendantale.
Cette expérience transcendantale est possible du fait que l'épochè n'a pas seulement permis d'établir, d'isoler le cogito. Ce cogito, elle nous le présente comme étant toujours conscience de, visée de. Visée d'une réalité ou d'une illusion, rêve ou perception vraie, peu importe, la question n'est désormais plus celle-là.
Ce qui est visé, nous ne prétendrons plus le chercher « à l'extérieur », dans la « réalité ». Nous le saisirons uniquement en tant que cogitatum (pensé).
Bref, l'épochè a dégagé cette sphère d'expérience, que Husserl appelle expérience transcendantale. Nous laisserons le monde « réel » entre parenthèses et ne nous intéresserons plus qu'à deux choses :
- le contenu de notre conscience,
- la structure de cette conscience elle-même.

La question qui se pose tout de suite – mais nous ne la résoudrons que plus tard – est de savoir si une telle posture échappe au solipsisme. La Cinquième Méditation lèvera le doute sur ce point.

Pour l'immédiat, nous allons nous efforcer d'expliciter de façon systématique l'ego transcendantal, ou, ce qui revient au même, de dégager le champ de l'expérience transcendantale.
p.73
§ 13 - Nécessité de commencer par mettre hors circuit les problèmes touchant la portée d'une connaissance transcendantale

La tâche qui se présente à nous est la critique de l'auto-expérience transcendantale (critique au sens que ce mot a dans « Critique de la raison pure »).
Il s'agit d'une philosophie (science) nouvelle dont la constitution doit se faire en deux étapes :
a) Exploration du domaine (objet des Méditations) ;
b) Critique de l'expérience transcendantale proprement dite (au-delà des Méditations).

Esquisse de ce que serait cette nouvelle philosophie :
- Une science absolument subjective, une science dont l'objet est dans son être, indépendant de la décision sur le non-être ou l'être du monde.
- Cette science ne peut poser rien d'autre comme existant que l'ego et ce qu'il inclut. Elle n'a pas encore accès au « nous ».
- Elle doit donc commencer comme une égologie pure, dans le solipsisme.
p.75
Le dépassement du solipsisme est attendu mais pas encore affirmé :
« Il se peut que la réduction à l'ego transcendantal n'ait que l'apparence d'une science qui demeure solipsiste, tandis que sa réalisation cohérente et conforme à son sens propre conduit à une phénoménologie de l'intersubjectivité transcendantale, et, par son biais, au développement d'une philosophie transcendantale en général. »
p.76
Exploration du domaine de l'expérience transcendantale

§ 14 - Le flux des cogitationes. Cogito et cogitatum.

1. On commencera par distinguer un point de vue subjectif,  le je, l'ego proprement dit, et le cogitatum (le pensé), ou plutôt l'ensemble des cogitationes (pensées).
p.77
2. On remarquera que ces cogitationes forment un flux, le flux de la vie de la conscience dans laquelle vit le je (temporalité).

3. On évitera à tout prix de confondre cette approche du problème avec celle de la psychologie qui aborde la conscience elle-même comme un objet du monde.
p.78
4. Comme nous l'avons déjà dit, tout cogito vise quelque chose. Les vécus de conscience sont toujours intentionnels : le cogito porte en soi son cogitatum.

§ 15 - Réflexion naturelle et réflexion transcendantale

5. Il faut distinguer la saisie directe accomplie par la perception, le souvenir, la prédication, le jugement de valeur, l'assignation à une fin, etc., des réflexions par lesquelles nous accédons à ces acte. Dans la saisie directe, nous saisissons la maison et non pas encore la perception de celle-ci.

Pour savoir si nous avons compris, examinons ce paragraphe :
« Dans la réflexion naturelle de la vie quotidienne (…) nous sommes sur le terrain du monde préalablement donné comme existant, comme lorsque nous disons dans la vie quotidienne : « Je vois une maison là-bas » ou « Je me rappelle avoir entendu cette mélodie », etc. Dans la réflexion phénoménologique transcendantale, nous nous extrayons de ce terrain grâce à l'épochè universelle pratiquée à l'égard de l'existence ou de la non-existence du monde. Nous pouvons dire que l'expérience ainsi modifiée, l'expérience transcendantale, consiste alors en ce que nous considérons le cogito à chaque fois transcendantalement réduit et que nous le décrivons, mais sans opérer du même coup, en tant que sujet réfléchissant, une position naturelle d'existence qu'impliquent la perception accomplie d'abord directement ou tout autre cogito, et que le je qui vit directement plongé dans le monde avait effectivement opérée. » (pp.78-79)

5. C'est donc désormais la saisie de la perception, saisie indirecte de l'objet qui sera notre tâche. L'expérience réflexive du je est l'expérience de la perception de la maison, avec tous les moments qui étaient déjà le propre de cette perception et qui continuent à se développer. « La tâche de la réflexion n'est pas de répéter le vécu premier, mais de l'examiner et d'expliciter ce qui se trouve en lui. » (Construire son essence.)
p.79
Nous cherchons un savoir descriptif de l'expérience.

6. Remarquons que « la non-participation, l'abstention du moi qui adopte l'attitude phénoménologique, est son affaire (donc l'affaire du moi) et non pas celle de l'acte perceptif qu'il examine réflexivement. » (p.79) En d'autres termes, c'est au je, sujet de la réflexion phénoménologique de procéder à l'épochè, sans que cela ne change rien au contenu de nos perceptions.  Husserl confirme la scission déjà signalée entre le je qui vit dans le monde, spontanément intéressé au monde, et le je désintéressé du monde ou je phénoménologique.
p.80
7. Il s'agira de décrire les cogitationes telles qu'elles se donnent, et cette description se fera sur deux plans : le plan noématique, où l'on suit la cohérence de ce qui est visé par la conscience, et le plan noétique, qui concerne les modalités du cogito lui-même.
p.81
Nous sommes confrontés à deux questions en effet : Qu'est-ce qui fait que ce qui apparaît à l'examen de nos cogitationes forme un tout structuré ? Comment le cogito fonctionne-t-il lui-même comme une unité ?

Conclusion provisoire : l'épochè phénoménologique ne nous a pas fait perdre le monde. Celui-ci nous est conservé, mais uniquement par le biais du cogitatum, donc pas en tant que monde réel extérieur à la conscience.

8. Nos cogitationes ne visent pas simplement des objets isolés, comme la maison dont nous venons de parler. Tout objet intentionnel est situé dans un univers unitaire (le monde) « qui, même lorsque dans la saisie nous visons le singulier, nous apparaît toujours comme un ». (p.81) « L'ensemble du monde devient alors conscient sous la forme qui lui est propre de l'infinité spatio-temporelle. » (p.81)

9. Nous pouvons tenter une nouvelle définition plus précise de l'ego transcendantal : « L'ego transcendantal désigne dans l'universalité de sa vie une multiplicité ouverte et infinie de vécus singuliers concrets… » (p.82)
« Par conséquent, moi, le phénoménologue transcendantal, je n'ai pour thème de mes constants descriptifs universels (que ceux-ci visent le singulier ou des associations universelles) exclusivement des objets, pour autant qu'ils sont corrélats intentionnels des modalités de conscience qui leur correspondent. »

Remarque à propos du concept de corrélat
A partir de maintenant, Husserl va constamment jouer sur deux plans : la sphère de l'expérience transcendantale et celle du monde transcendant, désormais mis entre parenthèses.  L'analyse phénoménologique porte sur les contenus de conscience, mais ces derniers renvoient constamment à des objets de notre monde naturel. Ces derniers, qui, en tant qu'objets,  demeurent hors du champ de l'expérience transcendantale, sont désignés par Husserl comme les corrélats des contenus de conscience.

§ 16 - Digression. Nécessité, pour la réflexion purement psychologique comme pour la réflexion transcendantale, de commencer par l'ego cogito

« D'après ces développements, l'ego cogito transcendantal désigne dans l'universalité de sa vie une multiplicité ouverte et infinie de vécus singuliers concrets qu'il s'agit de dévoiler et de saisir descriptivement dans leurs structures variables. » (noèmes)

Mais si l'on cherche à montrer les modalités de leur liaison, on va jusqu'à l'unité de l'ego concret lui-même. Une vie intentionnelle structurée par un lien unitaire (noèse).
p.83
Nouvelle définition de notre tâche : « Moi, le phénoménologue qui médite, je m'assigne la tâche universelle du dévoilement de moi-même en tant qu'ego transcendantal dans toute ma nature concrète (plan noétique), donc en même temps du développement des corrélats intentionnels qui y sont inclus (plan noématique).
p.84
« Ce qui est premier et universel, dans la description, c'est la scission entre cogito et cogitatum qua cogitatum (pensé en tant que pensé). » (p.84)

§ 17 – En tant que problématique de la corrélation, l'investigation de la conscience offre un double aspect. Orientation de la description. La synthèse comme forme originelle de la conscience
p.85
Exemple de la description d'un cube
La notion de synthèse.
« Ce cube-là est donné de manière continue comme l'unité d'un objet dans une diversité multiforme et variable des modalités d'apparition qui lui sont propres de manière précise. »

Nous constatons deux types d'unité :
a) Unité d'une synthèse d'abord, par laquelle « c'est d'un seul et même objet apparaissant que l'on prend conscience ».
« Le cube, un et identique, se révèle tantôt dans des apparitions de proximité, tantôt dans des apparitions d'éloignement, selon les modes changeants du et du là-bas par opposition à un ici absolu (situé dans le corps propre qui apparaît en même temps) qui, bien qu'on n'y prenne garde, accompagne constamment toute conscience. »
Chaque caractère apparaît comme unité de diversités qui s'écoulent.

b) Unité du cogito ensuite, dont il sera question plus tard.
p.86
« Ainsi, chaque cogito a conscience de son cogitatum, non pas dans un vide indifférencié, mais dans une structure descriptive de diversités dont l'organisation noético-noématique est bien déterminée, et qui justement appartient par essence à ce même cogitatum. » (p.86)

§ 18 – L'identification en tant que forme fondamentale de la synthèse. La synthèse universelle du temps transcendantal
p.87
La notion de temporalité
La forme fondamentale de la synthèse est l'identification (le fait de ramener un ensemble de données à un objet unique).
L'identification suit passivement son cours sous la forme de la conscience interne continue du temps.
« Tout vécu possède sa temporalité propre de vécu. »
Il faut distinguer la temporalité objective qui apparaît (propre au cube lui-même), de la temporalité interne de l'apparaître.

La notion d'unité
Ce qui fait que des apparitions continuellement changeantes sont des apparitions d'un seul et même cube : un et identique.
L'unité « est l'unité d'une synthèse, non pas une liaison continue de cogitationes (comme accolées les unes aux autres) mais liaison en une seule conscience dans laquelle  se constitue l'unité d'une objectivité intentionnelle en tant qu'identité d'une multiplicité de modalités d'apparitions. »
Le cube est présent dans la conscience comme un sens objectif immanent.
« L'objet de la conscience qui garde son identité durant le flux des vécus ne lui vient pas du dehors, mais se trouve inclus dans la conscience même comme sens, c'est-à-dire comme résultat intentionnel de la synthèse de la conscience. » (p.88)
p.88
Unité en dépit de modalités de conscience distinctes
Le même cube peut être conscient, simultanément ou successivement dans des modalités de consciences distinctes et diverses : perception, ressouvenir, attente, évaluation, etc.
C'est toujours une synthèse qui produit la conscience de l'identité.
L'ensemble de la vie de la conscience est synthétiquement unifiée.

« Tout vécu singulier concevable ne fait que se détacher sur le fond d'une conscience globale dont l'unité est toujours présupposée. »
p.89
- La forme fondamentale de la synthèse universelle est la conscience du temps, conscience interne qui englobe tout.
- Le corrélat de cette conscience du temps est la temporalité immanente : tous les vécus de l'ego se présentent comme ordonnés dans le temps.
- Husserl distingue donc la conscience du temps du temps lui-même : celui-ci est le temps du vécu intratemporel, celle-là ses modalités d'apparition, elles-mêmes données comme des temporalités.

L'élucidation et la compréhension de ce fait réservent des difficultés extraordinaires, qui ne seront pas abordées dans cet ouvrage.

§ 19 – Actualité et potentialité de la vie intentionnelle

La question de l'intentionnalité inhérente à tout cogito n'est pas épuisée par la seule considération des cogitata.
- Toute actualité implique ses propres potentialités.
p.90
Les notions d'horizon et de protension
« Tout vécu possède un horizon qui varie selon les modifications du contexte de sa conscience et selon les variations des phases propres de son flux. »
Aucun vécu n'épuise le sens d'un objet. Ce sens est une potentialité de l'intentionnalité, il apparaît comme un horizon, une limite vers laquelle tend la visée intentionnelle.
En d'autres termes, cet horizon signale la différence de ce qui est visé effectivement et ce qui va ou peut l'être.
« Ce qui caractérise chaque perception externe, c'est qu'elle opère un renvoi des côtés véritablement perçus de l'objet de la perception aux côtés qui sont visés corrélativement sans être encore perçus et qui sont seulement anticipés sur le mode de l'attente, et d'abord dans une vacuité de l'intuition, en tant qu'ils sont alors  à venir du point de vue de la perception. » (p.90)
Ce mouvement de la visée est appelé protension.
p.91
Il s'ensuit que le sens du cogitatum peut jamais être représenté comme un donné achevé.
Il ne s'éclaire que par l'explicitation de l'horizon et des horizons sans cesse à nouveau convoqués.
Chaque détermination laisse d'autres particularités dans le flou.
L'esquisse de sens objectif est toujours imparfaite, mais dans son indétermination, elle possède une structure déterminée.
« Cette indétermination, antérieure aux déterminations effectives plus précises qui ne suivront peut-être jamais, est un élément inclus dans la conscience correspondante elle-même, et c'est justement ce qui constiue l'horizon. »
On parlera d'intentionnalité d'horizon :
« L'objet est pour ainsi dire un pôle d'identité, sans cesse conscient avec un sens prévisé qui est à réaliser. »

§ 20 – La spécificité de l'analyse intentionnelle
p.92
L'analyse de la conscience en tant qu'intentionnelle.
Sa fonction est de dévoiler des potentialités impliquées dans les actualités de la conscience, dévoilement qui permet, du point de vue noématique, qu'aient lieu l'explicitation, l'élucidation et,le cas échéant, la clarification de ce qui est visé de manière présomptive par la conscience, la clarification de son sens objectif.
« L'analyse intentionnelle est guidée par le savoir fondamental que tout cogito est, en tant que conscience, et, au sens le plus large, visée de son objet, mais que cet objet visé de manière présomptive est, à chaque instant, plus (il est visé de manière présomptive avec un plus) que ce qui est explicitement visé à chaque instant. » (p. 92)
De manière présomptive :
En présumant son existence effective.
La visée de toute conscience est donc caractérisée par un dépassement qui doit être considéré comme un moment essentiel de celle-ci. On parlera de survisée.
p.93
On n'a pas affaire à une somme de visées, mais, chaque fois à la visée intentionnelle d'un objet.
On ne peut faire l'impasse sur les multiplicités noétiques de la conscience et leur unité synthétique, sur les fonctions constitutives par lesquelles nous pouvons procéder à cette visée, sur la structure intentionnelle qui est chaque fois celle de la conscience, qui fait que quelque chose comme un objet devienne conscient.
p.94
L'analyse intentionnelle inclut non seulement les vécus actuels, mais encore les vécus potentiels impliqués, prétracés, dans l'intentionnalité productive de sens des vécus actuels.

« C'est uniquement de cette manière que le phénoménologue peut parvenir à comprendre comment, dans l'immanence de la vie de la conscience et dans les modalités déterminées de ce flux ininterrompu de conscience, quelque chose comme des unités objectives fixes et permanentes peuvent devenir conscientes, et, en particulier, comment se réalise cette remarquable fonction de la constitution d'objets identiques pour chaque catégorie d'objets… » (p.94)
L'analyse intentionnelle cherche à dire quelle forme prend et doit prendre l'activité constituante de la conscience selon les variations noétiques et noématiques corrélatives du même objet.
p.95
Une phénoménologie pure de la conscience est-elle possible ?
Elle semble problématique :
- Le domaine des phénomènes de conscience est le flux héraclitéen ;
- On ne peut en aucun cas déterminer un objet de conscience comme un objet de nature ;
- On ne peut les saisir dans des concepts fixes.

La synthèse intentionnelle est un flux, qui procure à toute conscience son unité et constitue l'unité du sens de ce qui est objet. On peut néanmoins saisir ce flux avec rigueur.
p.96
§ 21 - L ‘objet intentionnel comme « fil conducteur transcendantal »

Situé du côté du cogitatum, l'objet intentionnel joue le rôle de fil conducteur transcendantal pour la découverte de la multiplicité typique de cogitationes qui, en une synthèse possible, le portent en elles comme l'objet identique que vise la conscience.
p.97
« Si l'on fixe un objet quelconque dans sa forme ou sa catégorie, et si l'on maintient constamment en évidence l'identité de cet objet, à travers la variation de ses modalités de conscience, il apparaît que, aussi fluctuantes qu'elles puissent être et aussi insaisissables que soient leurs éléments derniers, ces modalités de conscience ne sont cependant nullement arbitraires. » (p.97)
Ces modalités sont liées à une typique structurelle qui reste la même tant que l'identité de l'objet est maintenue, en dépit de la variation des modalités de conscience.
De là peut découler une théorie de la constitution transcendantale de l'objet en général.
p.98
Diverses théories transcendantales (de la perception et des autres types d'intuition, de la signification, du jugement, de la volonté) peuvent se constituer et fusionner en une seule théorie constitutive, formelle et générale, d'un objet en général.

Et finalement, « si nous prenons le monde objectif et un comme fil conducteur transcendantal, il renvoie alors à la synthèse des perceptions objectives traversant l'unité de la vie tout entière, ainsi, en outre, qu'à celle des intuitions objectives, synthèse grâce à quoi le monde, sans cesse, est présent, en tant qu'unité, à la conscience, et peut devenir thématique. » (p.98)
p.99
Conclusions :
- Le monde est une problématique universelle d'ordre égologique.
- Il en va de même pour l'ensemble de la vie consciente dans sa temporalité immanente.

§ 22 - L ‘idée de l'unité universelle de tous les objets et la tâche de leur élucidation constitutive.

Les multiplicités de la conscience qui sont constituantes ne sont pas arbitraires.

La subjectivité transcendantale n'est ni un chaos de vécus intentionnels, ni un chaos de types constitutifs.

« Tout objet en général (et aussi tout objet immanent) définit une structure réglant le je transcendantal. »

« En tant qu'il est ce qui est représenté par le je, et qu'il est toujours conscient, l'objet définit aussitôt une règle universelle pour une autre conscience possible de lui-même, possible selon une typique prétracée en fonction de l'essence ; et il en est naturellement ainsi pour tout objet concevable, pour tout ce que nous pouvons nous représenter comme pensable. »
p.100
On peut entrevoir une synthèse constitutive universelle.
Cette synthèse embrasserait  tous les objets effectifs et possibles en tant que tels pour l'ego transcendantal, et, corrélativement toutes leurs modalités de conscience effectives et possibles.


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