Avertissement aux amateurs de copier-coller et aux gardiens de l'orthodoxie
Ce texte est un document de travail, pas un exposé magistral. Son contenu ne saurait faire autorité.
 

QUATRIEME MEDITATION
Déploiement des problèmes constitutifs de l'ego transcendantal lui-même


§ 30 L'ego transcendantal inséparable de ses vécus


Montrer ce qui constitue concrètement cet être-pour-moi et cet être-tel, à savoir quel type de conscience effective et possible est en question.

Chercher l'essence de l'intentionnalité et de ses horizons.

Acquis : l'ego transcendantal n'est ce qu'il est qu'en rapport à des objectités intentionnelles.
p.112
Une propriété essentielle pour l'ego : avoir toujours des systèmes d'intentionnalité et aussi des systèmes intentionnels de concordance qui, pour une part, se déroulent en lui, pour une autre sont à sa disposition pour être dévoilés grâce aux horizons prétracés et comme potentialités établies.
« Quel qu'il soit, l'objet que l'ego vise, pense, évalue, traite, mais aussi imagine ou peut imaginer, indique, à titre de corrélat, son système (d'intentionnalité ou/et de concordance), et il n'est pas autre chose que ce corrélat. »
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§ 31 -  Le je comme pôle identique des vécus

Pour lui-même, l'ego existe d'une manière continûment évidente. Il « se constitue en lui-même continuellement comme existant ».

L'ego ne se saisit pas lui-même simplement comme vie en flux (le flux héraclitéen des vécus de conscience), mais comme le je qui vit ceci ou cela.

Nous avons fait apparaître une première polarisation : relation intentionnelle de la conscience et de l'objet, du cogito et du cogitatum. Nous avons fait apparaître cette synthèse qui polarise les multiplicités de la conscience effective et possible en fonction d'objets identiques. Objets comme unités synthétiques.

Apparition d'une deuxième polarisation : synthèse d'une deuxième espèce. Celle du je identique.

§ 32 - Le je comme substrat des habitus

Il faut parler de genèse transcendantale du je.
- Celui-ci acquiert un nouveau sens objectif, une nouvelle propriété permanente avec chacun des actes qui émanent de lui. Je reste celui qui s'est décidé de telle ou telle manière. Je me décide, l'acte vécu s'écoule, mais la décision persiste, je reste solidaire de mon action.
p.114
Je peux ultérieurement y revenir, m'en souvenir.
« En se constituant par une genèse active propre comme le substrat identique des propriétés permanentes du je (habitus), le je se constitue aussi ultérieurement comme moi personnel qui se tient et se maintient. » (p.114)
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§ 33 -  La pleine concrétion du je comme monade et le problème de son autoconstitution

Du moi comme pôle identique et comme substrat des habitus, nous distinguons l'ego pris dans sa pleine concrétion (le moi concret, donc). Le moi n'est concret que dans la diversité du flux de sa vie intentionnelle et des objets qui sont visés en elle. Cet ego,  nous le désignerons du terme de monade.

En tant qu'ego :
- j'ai un monde environnant qui existe constamment pour moi.
- Mon activité est de poser et d'expliciter l'être.
p.116
« Puisque l'ego monadique concret englobe en sa totalité la vie effective et potentielle de la conscience, il est clair que le problème de l'explicitation phénoménologique de cet ego monadique (le problème de sa constitution pour lui-même) doit englober en lui-même  tous les problèmes constitutifs en général. Il en résultera par la suite que la phénoménologie de cette autoconstitution coïncidera avec la phénoménologie en général. » (p.116)

§ 34 - Principe de l'élaboration de la méthode phénoménologique. L'analyse transcendantale comme analyse eidétique

Les développement qui précèdent nous ont introduit à la problématique de la genèse phénoménologique. (Le sens de ce concept ne sera pas donné tout de suite.)
Mais auparavant, donnons-nous les moyens de passer de la description purement empirique (même si celle-ci est menée au sein de la sphère de l'expérience transcendantale) des phénomènes, à la méthode de description eidétique.

Les descriptions (jusqu'ici empiriques) doivent passer dans une dimension nouvelle, celle de l'ordre des principes.
p.117
Au cours des descriptions, se sont imposées certaines expressions comme nécessité d'essence, conformément à l'essence. Ces expressions nous conduisent à un concept défini de l'a priori au sens de la phénoménologie.
- Prenons un type quelconque de vécu intentionnel (perception, rétention, ressouvenir, énoncé, plaisir, etc.).
- Jusqu'à présent, nous avons pris ce type de vécu comme un type d'événement factuel de l'ego transcendantal. Les descriptions transcendantales devaient avoir une signification empirique.

Partons de l'exemple de la perception.
- Varions la perception de cet objet table librement, tout en maintenant la perception comme perception de quelque chose.
- Modifions fictivement sa forme, sa couleur, mais maintenons l'identité d'un apparaître de type perceptif.
p.118
- Nous passons du domaine de la perception effective à celui des irréalités, du comme si.
- De cette manière, nous envisageons la perception non pas en tant que fait, mais comme une pure possibilité parmi d'autres pures possibilités tout à fait arbitraires, détachées des faits.
- Nous atteignons ainsi le type général de perception, qui flotte en l'air.
« Ainsi soustrait à toute facticité, il est devenu l'eidos (forme) de la perception dont l'extension idéale est constituée par toutes les perceptions idéalement possibles en tant que pures inventions. »
Les analyses de perceptions sont donc des analyses d'essences.
- Ce que nous avons dit auparavant à propos des synthèses, des horizons de possibilité vaut pour toute perception concevable, selon une universalité d'essence.
- L'eidos est un universel vu ou visible, un universel pur, inconditionné (conditionné par aucun fait).
p.119
- Tout type singulier est extrait de son milieu, celui de l'ego transcendantal empirique de fait, pour être transposé dans la pure sphère de l'essence.
- Les horizons intentionnels eux-mêmes, sans disparaître, deviennent eidétiques.
- Ce qui nous permet de passer de l'ego de fait (concret) à un eidos ego. Lequel est la pure modification de la possibilité de mon ego de fait.
- Nous pouvons dès lors envisager la recherche de l'essence de la constitution explicite d'un ego transcendantal.

« Si donc nous imaginons une phénoménologie élaborée exclusivement d'après la méthode éidétique comme une science intuitive a priori, alors toutes ses investigations d'essence ne sont rien d'autre que les dévoilements de l'eidos universel de l'ego transcendantal en général qui inclut en lui toutes les pures modifications de possibilité de mon ego de fait, et celui-ci lui-même à titre de possibilité. » (p.119)

- La phénoménologie recherche les lois universelles de l'essence qui dessinent à l'avance, pour tout énoncé de fait sur le transcendantal, son sens possible (avec son opposé, le contresens).
p.120
- Il importe maintenant d'élaborer une phénoménologie purement éidétique. En elle seule peut s'accomplir la première réalisation d'une science philosophique.

Remarque importante
A ce stade, je n'ai recours aux principes apodictiques propres à l'ego que pour autant qu'il est un ego en général. L'espace de l'eidos ego est déterminé uniquement par l'autovariation de mon ego. Je m'imagine comme si j'étais un autre, je n'imagine pas autrui.

Notre acquis :
a) la réduction phénoménologique ;
b) l'intuition eidétique comme forme fondamentale de toutes les méthodes transcendantales particulières.

§35. Excursus dans la psychologie interne éidétique

Notion d'une psychologie intentionnelle pure qui puise uniquement dans l'expérience interne.
p.121
Dans ce cadre, le moi humain correspond à l'ego transcendantal concret.

§36. L'ego transcendantal comme domaine universel des formes possibles de vécu. Lois essentielles de régulation de la compossibilité des vécus selon la coexistence et la succession

Nous nous tiendrons désormais dans le cadre d'une phénoménologie purement eidétique « au sein de laquelle le fait de l'ego transcendantal et des données particulières de son empire transcendantal n'a que le sens d'exemples de possibilités pures ». (p.121)
- Nous nous tenons maintenant dans le cadre d'une phénoménologie purement éidétique, et nous allons analyser de manière systématique l'ego concret en général selon ses composantes essentielles.
p.122
- L'a priori universel appartenant à un ego transcendantal renferme une infinité de types a priori d'actualités possibles.
- Mais tous les types ne sont pas compossibles et ceux qui sont possibles ne le sont ni dans n'importe quel ordre ni n'importe quand dans la temporalité de l'ego.
- L'élaboration d'une théorie scientifique n'est possible que dans un ego rationnel.
- Il faut admettre une structure universelle a priori des légalités essentielles universelles de la coexistence et de la succession égologique temporelle.

« En effet, quoi qu'il puisse apparaître dans mon ego, et, eidétiquement dans un ego en général (…), tout cela possède une temporalité propre, et participe, à cet égard, au système des formes de la temporalité universelle avec lequel se constitue pour lui-même tout ego concevable. »
p.123
§37. Le temps comme forme universelle de toute genèse égologique

Les lois d'essence propres à la compossibilité sont au sens le plus large des lois de la causalité (si…, alors). Mais, dans la sphère transcendantale, nous parlerons de motivation (à ne pas comprendre dans le sens courant de motivation au travail !).
- « L'univers des vécus, qui constituent le réel contenu d'être de l'ego transcendantal,  n'est un univers compossible que dans l'universelle forme unitaire du flux. » (p.123)
- C'est une forme de motivation qui articule tout, qui règne en chaque singularité.
- Passé, présent et avenir se reconstituent sans cesse unitairement en une certaine structure formelle noético-noématique des modes fluants de donation.
- « Mais, au sein de cette forme, la vie se déroule comme le cours motivé de constitutions particulières accompagnées de motivations et de systèmes de motivation particuliers et multiples qui, selon les lois générales de la genèse, produisent une unité de la genèse universelle de l'ego. » (p.123)
- L'ego se constitue pour lui-même dans l'unité d'une histoire.
p.124
- Les systèmes constitutifs, grâce auxquels existent pour l'ego tels et tels objets, telles et telles catégories d'objets, ne sont eux-mêmes possibles que dans le cadre d'une genèse obéissant à des lois.
- Ces systèmes sont liés par la forme génétique universelle qui rend possible l'ego concret (la monade) en tant qu'unité.
« Le fait qu'une nature, un monde culturel, un monde humain, avec ses formes sociales, etc., existent pour moi signifie que des possibilités d'expériences correspondantes subsistent pour moi. » (p.124)
p.125
§38. Genèse active et passive

Deux formes fondamentales de la genèse constitutive : genèse active, genèse passive.
- Dans la genèse active, le je fonctionne comme un je constituant de manière productive.
p.126
- La sythèse active présuppose une passivité prédonnée.
- Et nous tombons sur la constitution par synthèse passive.
- La synthèse de l'expérience passive fournit tout ce qui se présente à nous comme une simple chose existante ; elle ne cesse jamais.
p.127
- La synthèse passive procure toute leur matière aux activités intellectuelles déclenchées par la saisie active.
« C'est du fait d'une genèse conforme à l'essence que moi, l'ego, je peux dès le premier regard avoir l'expérience d'une chose. »
p.128
Grâce à la synthèse passive, le je se trouve sans discontinuer dans un environnement d'objets.
Donc, tout ce qui m'affecte comme ego développé est aperçu comme objet, comme substrats de prédicats à connaître.
Tout ce qui est connu renvoie à un apprentissage originaire.
Ce que nous appelons inconnu a toujours la forme structurelle de ce qui est connu.

§ 39. L'association comme principe de la genèse passive

L'association est le principe de la genèse passive gouvernant la constitution de toutes les objectivités finalment prédonnées aux formations actives.
- L'association est une manière de désigner l'intentionnalité.
p.129
- Le concept traditionnel d'association n'est qu'une distorsion naturaliste du véritable concept intentionnel. Nous en donnerons donc une définition nouvelle.
- Elle n'est pas une normativité empirique selon laquelle se combinent les données d'une âme (une sorte de gravitation intrapsychique).
- Elle est une rubrique très vaste désignant une normativité intentionnelle essentielle de la constitution de l'ego pur, un domaine a priori inné.
- Sans l'association, un ego serait inconcevable.
- L'ego doit être compris comme une connexion infinie.
- La temporalité (et donc l'ego) s'édifie elle-même dans une genèse passive constante qui, par essence, embrasse tout ce qui est nouveau.
-  Une édification par degrés a lieu, qui se maintient dans l'ego développé comme un système persistant des objectivités constituées, et qui forme un univers de structure ontologique stable.
L'association est un concept transcendantal et phénoménologique fondamental.
p.130
§ 40. Passage à la question de l'idéalisme transcendantal

Une fois que la problématique phénoménologique a été réduite aux objectivités de la conscience possible, la phénoménologie elle-même peut se caractériser comme une théorie transcendantale de la connaissance.
- Nous opposerons la théorie de la connaissance transcendantale ainsi comprise à la théorie de la connaissance traditionnelle.
- Le problème que nous rencontrons alors est celui de la transcendance, car il ne s'agit pas ici d'une simple psychologie de la connaissance.

« Je me rencontre comme un homme situé dans le monde, et qui, en même temps, en fait l'expérience, en a une connaissance scientifique, y compris de moi-même qui en fais partie. Je me dis alors que tout ce qui est pour moi, l'est grâce à ma conscience connaissante, c'est pour moi ce qu'a expérimenté mon expérience, ce qu'a pensé ma pensée, ce qu'a théorisé ma théorisation, ce qu'a vu mon regard. » (p.130)

- L'intentionnalité désigne une propriété réelle.
p.131
- Mais dès lors, toute fondation, toute démonstration de la vérité et de l'être se déroulent entièrement en moi.
D'où le problème suivant :
On comprend que dans mon domaine de conscience, j'en arrive à des certitudes. « Mais comment tout ce jeu, qui se déroule dans l'immanence de la vie de la conscience, peut-il acquérir une signification objective ? »
Comment l'évidence peut-elle prétendre être plus qu'une caractéristique de la conscience en moi ?
Descartes a tenté de résoudre ce problème en faisant appel à la veracitas divine.

§ 41 La vraie auto-explication phénoménologique de l' ego cogito  comme idéalisme transcendantal
p.132
Toute cette question est absurde, déclare Husserl.
Descartes n'a pas vu le sens véritable de son épochè transcendantale.
Quel est ce je qui peut légitimement poser de telles questions transcendantales ?
- dès que j'ai une aperception de moi-même en tant qu'homme naturel, j'ai déjà une aperception préalable du monde spatial, je me suis saisi moi-même comme étant dans l'espace, où je suis donc doté d'une extériorité à moi-même. Il n'y a donc pas à chercher ailleurs ce qui est donné ici au départ.
- La validité de l'aperception du monde est déjà présupposée dans la position de la question.
- La transcendance, sous quelque forme que ce soit, est un caractère d'être immanent qui se constitue au sein de l'ego.
- Tout ce qui existe pour la conscience se constitue dans la conscience.
- « Tout sens concevable, tout être concevable, qu'on les dise immanents ou transcendants, relèvent du domaine de la subjectivité transcendantale en tant qu'elle est ce qui constitue le sens et l'être. C'est un non-sens que de vouloir saisir l'univers de l'être vrai comme quelque chose qui se trouve en dehors de l'univers de la conscience possible, de la connaissance possible, de l'évidence possible… » (p.132)
Donc, le problème se déplace. Il n'est plus celui de la transcendance du « réel », mais celui de la possibilité pour des sujets différents de reconnaître qu'ils partagent un monde commun, probème qui sera traité dans la Cinquième Méditation.
Et l'on entrevoit le sens de la réflexion de Heidegger sur l'oubli de l'être, qui est comme une désertion, un désinvestissement du monde.
p.133
Si la subjectivité transcendantale est l'univers du sens possible, quelque chose d'extérieur à elle est un non-sens.

Mais même un non-sens, quel qu'il soit, est un mode du sens. Il est intelligible (en tant que non-sens).

Transition vers la Cinquième Méditation
- Nous établirons qu'en moi, ego transcendantal, sont transcendantalement constitués d'autres ego.
- Un monde objectif commun à tous sera constitué à partir de l'intersubjectivité transcendantale constitutivement isue de moi.

Une véritable théorie de la connaissance n'a de sens que si elle est transcendantale et phénoménologique.
«Au lieu d'avoir affaire à des raisonnements absurdes qui concluent d'une immanence présumée à une transcendance présumée, celle de quelconques « choses en soi » prétendument inconnaissables en principe, elle s'attache exclusivement à expliquer de manière systématique la fonction de la connaissance, explication qui doit la rendre intelligible de part en part comme fonction intentionnelle » (p. 133)
- Toute espèce d'étant devient intelligible comme formation de la subjectivité transcendantale, formation qui est constituée au sein de l'intentionnalité.
p.134
Définition d'une phénoménologie universelle
« C'est, premièrement, une auto-explication au sens précis du terme, qui montre d'une façon systématique comment l'ego se constitue lui-même comme étant en soi et pour soi selon une essence qui lui est propre ; deuxièmement, c'est une auto-explication au sens large du terme qui, à partir de là, montre comment l'ego, en vertu de cette essence propre, constitue en lui-même aussi quelque chose d'autre, d'objectif, et de même, en général, tout ce qui, dans le je, aura jamais, en tant que non-je, valeur d'être pour lui. »

La phénoménologie est idéalisme transcendantal.
Oui, mais dans quel sens ?
- Il ne s'agit pas d'un idéalisme psychologique, qui à partir de données sensibles privées de sens veut déduire un monde plein de sens.
- Pas un idéalisme kantien qui croit pouvoir laisser ouverte la possibilité d'un monde de choses en soi.
Mais une science égologique systématique, l'auto-explication de mon ego comme sujet de toute connaissance possible.

- L'explicitation du sens de chaque étant concevable par moi, l'ego, c'est exactement la même chose que le dévoilement systématique de l'intentionnalité constituante elle-même.
p.135
L'unique interprétation possible du sens de l'univers.
p.136
Les autres
Par le biais des constitutions étrangères constituées dans mon propre moi, se constitue pour moi le monde qui nous est commun à nous tous.



CAFE-BABEL

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