Ce blog n'est pas souvent mis à jour. La raison en est qu'il attend toujours son vrai démarrage sous la forme d'un travail de pensée à plusieurs.

Deux pistes ont été évoquées jusqu'ici :

1. L'inconscient selon Freud

Si nous en croyons Lacan, la réflexion de Freud sur ce point a donné lieu à trois ouvrages majeurs : L'Interprétation du rêve (1899), La Psychopathologie de la vie quotidienne (1901) et Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient (1905).

Une première indication :

L'infantile est en effet la source de l'inconscient, les processus de pensée inconscients ne sont rien d'autre que ceux qui se trouvent mis en place dans la prime enfance, à l'exclusion de tout autre. La pensée qui s'immerge dans l'inconscient en ayant pour fin de former le mot d'esprit ne fait que se rendre dans l'ancien lieu familier de son jeu d'autrefois avec les mots. L'acte de penser se trouve reporté pour un temps au stade infantile, afin qu'il puisse ainsi s'approprier à nouveau cette source infantile de plaisir. Si on ne le savait déjà grâce à l'exploration de la psychologie des névroses, on en arriverait nécessairement, dans le cas du mot d'esprit, à pressentir que la singulière élaboration inconsciente n'est rien d'autre que le type infantile du travail de la pensée. »
                                   
                                                            Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient,  p. 306 (Folio Essais)

A la lecture de ce passage, on entrevoit, derrière le système qui préside à la pensée consciente, un autre système fonctionnant différemment. Les premiers contenus de pensée, seraient organisés selon un mode archaïque dont le sujet s'affranchit rapidement.
L'inconscient est donc bien plus qu'un réservoir de pensées échappant à la conscience ; il constitue un noyau d'énoncés fondateurs qui ne cessent jamais d'influencer, d'infléchir, de gouverner la pensée consciente, tout en fonctionnant sur d'autre normes que cette dernière.

2.  Nietzsche : par delà le bien et le mal, où cela nous mène-t-il ?

Là aussi, une citation en forme d'indice, ou d'échantillon.

Si l'on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais de souligner un petit fait très bref que les gens atteints de cette superstition n'aiment guère avouer ; c'est à savoir qu'une pensée vient quand « elle » veut et non quand « je » veux, en telle sorte que c'est falsifier les faits que de dire que le sujet « je » est la détermination du verbe « pense ». Quelque chose pense, mais que ce soit justement ce vieil et illustre « je », ce n'est pas là, pour le dire en termes modérés, qu'une hypothèse, une allégation ; surtout ce n'est pas une « certitude immédiate ». Enfin, c'est déjà trop dire que d'affirmer que quelque chose pense, ce « quelque chose » contient déjà une interprétation du processus lui-même. On raisonne selon la routine grammaticale : « Penser est une action, toute action suppose un sujet actif, donc… » C'est par un raisonnement analogue que l'atomiste ancien plaçait à l'origine de la « force agissante » la parcelle de matière où réside cette force et à partir de laquelle elle agit, l'atome ; des esprits plus rigoureux ont fini par apprendre à se passer de ce dernier « résidu terrestre », et peut-être arrivera-t-on un jour, même chez les logiciens, à se passer de ce petit « quelque chose », résidu qu'a laissé en s'évaporant le brave vieux « moi ».
                                                                                   
                                                                                        Par delà le bien et le mal, paragraphe 17

Nietzsche, comme les enfants curieux qui s'ennuient, sait fouiller derrière les rideaux, crever les décors,  trouver le chemin des coulisses, se pendre au lustre pour changer de regard. Curieusement, ce passage semble faire écho au texte de Freud ; pourtant, si je l'ai choisi, ce n'est pas pour cela, mais simplement parce qu'il montre comment, d'un bond, la pensée se libère.


Voilà. Le départ est donné. On peut se mettre en route et, tout en cheminant, semer quelques notes qui trouveront ici leur place.


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