Avertissement aux amateurs de copier-coller et aux gardiens de l'orthodoxie
Ce texte est un document de travail, pas un exposé magistral. Son contenu ne saurait faire autorité.


Sein und Zeit s'ouvre sur le constat de l'oubli de l'être et sur l'exigence d'un retour au sens de l'être. Pourquoi pas, après tout. Mais on commence à se poser de sérieuses questions quand on voit Heidegger récuser d'un trait de plume toute la tradition philosophique occidentale et nous proposer sans rire de remonter en deçà d'Aristote et de Platon, à une philosophie… d'avant la philosophie.

Admettons que la philosophie occidentale soit passée à côté du sens de l'être, mais pourquoi est-ce si important ? Si on ne comprend pas ça, on s'égare.

Et d'abord, voyons d'un peu plus près ce que Heidegger lui reproche, à la philosophie occidentale. En gros, il lui reproche à d'avoir fait passer  l'expérience humaine à travers des cribles qui n'en retenaient qu'un aspect, qu'une dimension. Bref, il lui reproche d'avoir d'emblée adopté une perspective qui lui interdisait de rendre compte de ce qui constitue l'objet même de la philosophie : le sens de notre être-au-monde.

Je m'exprime ici de façon métaphorique, en des termes peut-être inadmissibles pour un heideggerien pur sucre, mais l'ouvrage s'ouvre sur un carrefour et l'important, à ce stade, c'est moins de marcher avec élégance que de ne pas se tromper de route.

Nous parlions de perspective. Revenons un peu sur ce terme, car tout peut bien se  résumer à une question de perspectives (au pluriel) :
 - une perspective sous laquelle la question de l'être ne se pose pas et paraît parfaitement superflue ;
-  une autre sous laquelle elle est La Question, une question telle qu'il ne peut y en avoir d'autre.

Si je dis que le monde est la somme de tous les étants, je m'intéresserai aux attributs de ces étants et à l'étant « homme » j'attribuerai – entre autres- la conscience. Mais surtout, je tiendrai le sujet pour un étant parmi les autres, jusqu'à distinguer par exemple une substance matérielle et une substance pensante. L'homme, le philosophe, le sujet – on voit bien qu'entre ces termes on hésite - n'est qu'un étant au milieu de tous les étants dont la somme constitue le monde. Ce n'est pas l'être ici qui nous intéresse, mais la substance. Plus encore, partant du monde considéré comme tel, je suis obligé d'instaurer une coupure entre le monde tel qu'il est en soi et le monde tel qu'il m'apparaît.

La perspective de Heidegger est radicalement autre. Il n'y a pas d'un côté le monde et de l'autre le sujet connaissant, l'objet et le sujet, avec cette nécessité de s'inventer un point de vue pour les considérer dans leur relation. Il y a une expérience, appelons ça ainsi, que Heidegger appelle le Dasein : l'être-là ou l'être-au-monde. Cette expérience ne se confond pas avec l'individu ou le sujet connaissant, elle inclut le monde. Elle n'est pas dans une perspective, elle est la perspective. Heidegger dit : un possible. Le monde est le champ des possibilités du Dasein, l'être du monde appartient à la structure de la subjectivité. L'homme est en tant qu'il est l'être du monde. Cet être n'est pas une vérité cachée mais un sens à construire.
Heidegger dit que le Dasein est l'accès à l'être. Je pense qu'il est plus clair de dire que  dès le moment où l'homme se reconnaît comme Dasein, il ne peut être que hanté par le souci de l'être.



Un petit exercice, juste comme ça, pour se détordre un peu la tête : essayer de relire le début de Sein und Zeit en remplaçant le mot "être" par le mot "présence".



CAFE-BABEL

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://cafe-babel.cowblog.fr/trackback/2506642

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast