NOTES DE LECTURE SANS GARANTIE D'INTERPRETATION JUSTE


La préface

Elle n'est pas très évocatrice, tant qu'on n'est pas familier des concepts de La Théorie de la Justice (1971).
Au fond, Rawls y explique seulement l'ambition qu'il a de réconcilier en un même ouvrage toutes les composantes de sa réflexion, depuis la Théorie de la Justice jusqu'à ses plus récentes publications. Une trentaine d'années séparent la parution de La Justice comme Equité de celle de La Théorie de la Justice, et pourtant, Rawls avoue que ses positions n'ont pas réellement changé. Elles ont évolué au fil des critiques qu'on lui adressait, elles ont mûri, se sont élaborées, mais leur fondement reste le même. Et l'auteur compte bien, ici, apporter à ses thèses les aménagements qui les rendront parfaitement conciliables.

PREMIERE PARTIE : IDEES FONDAMENTALES

Section 1 : Quatre rôles de la philosophie politique, p17

(J'énumère seulement, sans relire attentivement. Notes à revoir pour 1., 2. et 3.)

1. Rôle pratique : se concentrer sur les questions litigieuses pour chercher si un accord est malgré tout possible. Dans le cas contraire, réduire le plus possible la divergence d'opinions morales et politiques, pour préserver coopération et respect entre les citoyens.
Exemple d'application phare : dans le débat égalité-liberté...

2.Identifier des fins raisonnables et variées pour la nation (="société chargée d'histoire"). Conséquence : le cadre est unifié, chacun sait précisément où l'on va, et certaines impasses litigieuses peuvent être résorbées.

3.Réconcilier l'individu avec sa société. En montrant notamment que l'état actuel des institutions n'est que le résultat d'un processus raisonnablement mené.

4.Explorer les limites de l'envisageable en matière d'organisation politique. C'est une sorte d'utopie réaliste : étant donné la situation actuelle, que pouvons-nous espérer de mieux ?  Le pluralisme raisonnable est le principal obstacle au déploiement sans frein de cette utopie.

Section 2 : La société comme système équitable de coopération sociale, p22

1.Objectif de la justice comme équité : fournir une base philosophique et morale acceptable aux institutions démocratiques. On va analyser pour cela la société démocratique et les idées fondamentales qui la régissent (au niveau de la constitution, des lois, etc), même si la conscience de ces dernières peut n'être que floue chez les citoyens (="les agents qui sont engagés dans la coopération sociale").
Idées fondamentales : celles qui donnent une structure d'ensemble à la justice comme équité
Idée la plus fondamentale : celle d'une société considérée comme un système équitable de coopération sociale à travers le temps, d'une génération à la suivante. Si c'est la plus fondamentale, c'est qu'elle précède et conditionne toute tentative d'élaboration d'une "politique de justice pour un régime démocratique".
Deux idées lui sont complémentaires :
-la liberté et l'égalité des citoyens
-l'idée de "société bien ordonnée"

2.Trois traits essentiels à l'idée de coopération sociale :
a) Elle se distingue d'une activité socialement coordonnée. Les individus obéissent à des règles et procédures publiquement reconnues, et non à une autorité.
b) Elle implique des termes équitables. Mutualité et réciprocité. Quand on se conforme aux règles, on en tire avantage.
c) Elle contient l'idée d'avantage rationnel, qui traduit ce que tous les individus engagés dans la coopération cherchent à obtenir.

Distinction entre raisonnable et rationnel :
-raisonnable est celui qui admet ou propose des principes de justice nécessaires, lesquels spécifient les termes équitables d'une coopération sociale ; déraisonnable est celui qui les refuse ; au-delà du déraisonnable est celui qui fait mine de les accepter tout en guettant l'occasion de les transgresser.
-rationnel est celui dont la position avantageuse justifie le déraisonnable ; celui qui prend ses décisions en fonction de ce que ça veut dire pour sa propre position.

3.Si l'on considère les citoyens comme égaux et libres, rationnels et raisonnables, la question qui se pose, c'est de savoir quels termes équitables de coopération sociale ne bafouant pas ce présupposé sont alors les plus acceptables.
Définir des principes de justice, c'est fonder ces termes équitables, et donc répondre à cette question.

Section 3 : L'idée d'une société bien ordonnée, p26

1. Dans une société politique bien ordonnée :
a) Chacun admet implicitement la même conception de la justice que les autres. C'est ce qu'implique le terme de "conception publique de la justice".
b) La structure de base de la société (cf section 4) est régie par les principes de justice. Elle les satisfait donc. Et chacun en est conscient.
c) Les citoyens ont TOUS un sens de la justice effectif.

2. Cependant, cette idée d'une société bien ordonnée est idéale. Si on la formule, c'est parce que le critère majeur pour décider de la valeur d'une politique de justice réside dans l'entente publique. Cet idéal, inatteignable, servira donc de mesure étalonnante pour comparer les politiques de justice réellement envisageables.

La définition d'une société bien ordonnée, donnée en 1, est générale. On la fait varier selon la conception de justice admise par les citoyens (utilitarisme, doctrine des droits naturels, justice comme équité, ..etc). Evidemment, l'unanimité est impossible. Mais au niveau des conceptions de la justice, il peut y avoir un accord, malgré la divergence doctrinale (qui englobe bien plus que la seule justice).

Section 4 : L'idée de la structure de base, p28


1."La structure de base de la société est la manière dont les principales institutions politiques et sociales de la société s'agencent en un système unique de coopération sociale, dont elles assignent les droits et devoirs fondamentaux et structurent la répartition des avantages qui résultent de la coopération sociale au cours du temps. La constitution politique et l'indépendance de la justice, les formes de propriété légalement admises, la structure de l'économie (...), la famille dans une de ses formes, en sont toutes des composantes."
Bref, c'est un contexte social

2. Et c'est sur cette structure de base que se concentrent les efforts de la justice comme équité. Son rôle : mettre en évidence les principes qui régiront la structure de base. Ces principes peuvent être contraignants au niveau des institutions, par exemple, mais ils ne les concerneront jamais tout à fait, et n'en définiront ni les visées, ni les principes derniers.
Rawls distingue trois niveaux de justice :
-la justice locale, "dont les principes s'appliquent directement aux institutions et associations"
-la justice domestique, "dont les principes s'appliquent à la structure de base de la société"
-la justice globale, "dont les principes s'appliquent au droit international"
La justice comme équité est donc le moyen terme entre justice locale et Droit des peuples. Il va de soi qu'elles sont à la fois dépendantes et autonomes.

3. Cette définition de la structure de base n'implique encore rien de concret : aucun arrangement précis, aucune véritable solution aux problèmes posés. Seulement, elle prescrit une voie de réflexion théorique, et c'est par là que Rawls veut commencer. Il aimerait d'abord se mettre au clair sur ce que l'on est prêt ou non à admettre, indépendamment des problèmes posés. La justice comme équité doit faire preuve d'une certaine souplesse, s'adapter aux circonstances particulières, et non poser des principes rigides qui lui ôteraient tout caractère raisonnable (en faisant fi des conditions spécifiques ou futures).
Le dernier alinéa anticipe la section 11. je choisis donc de faire l'impasse, on y reviendra en temps voulu,

monochrome.dream

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