Freud était médecin. Il soignait les névroses à une époque où il n'était simplement pas pensable de traiter ces patients par les ressources de la chimie ou de la chirurgie. C'est donc dans une direction toute différente que s'orientait la seule technique thérapeutique opérante à l'époque, à ma connaissance : l'hypnose. A un moment donné Freud a renoncé à l'hypnose et mis au point la technique psychanalytique dont la caractéristique principale est qu'elle opère essentiellement, voire exclusivement, sur le seul champ du langage.
La technique freudienne s'est constitué à travers une observation rigoureuse, un extraordinaire travail d'interprétation. Le caractère très particulier de la relation psychanalytique place celle-ci hors du champ rigoureusement scientifique. Les propositions freudiennes ne peuvent être démontrées ; les observations ne sont pas reproductibles à volonté. Je pressens d'autres raisons plus fondamentales pour écarter la psychanalyse du champ scientifique, mais je ne suis pas en état d'en parler maintenant.
Il se trouve que la mise au point de la psychanalyse a révolutionné la conception philosophique classique du sujet. A ce titre, elle échappe aux strictes limites du domaine médical.
Je m'estime donc fondé à aborder ces questions non pas dans l'optique du médecin ou du psychothérapeute, mais dans celle du philosophe. Je lis Freud et Lacan comme s'ils étaient des philosophes. La question de la scientificité de leurs propos, la question même de la validité de ces derniers (Est-ce vrai ou faux ? Est-ce que ça marche ou non ?) ne constituent pas des préalables. Je prends donc les propositions freudiennes telles qu'elles sont formulées ; je les considère comme suffisamment fondées à partir de l'observation de patients auxquels je n'aurai jamais accès ; je cherche seulement à en comprendre le sens et à en mesurer les implications. Je ne défendrai pas la psychanalyse contre ses détracteurs, car le débat qui s'est instauré sur ce point me semble caractérisé avant tout non pas par une mise en doute de telle ou telle proposition en fonction de critères reconnus par tous, mais par la constante confusion des approches.
Quand j'y pense à propos de la psychanalyse, c'est avant tout le concept de métaphore qui me vient à l'esprit. Les écrits psychanalytique opéreraient comme une très vaste métaphore de quelque chose qui pourrait bien fonctionner « comme ça ».
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