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Il y a, comme nous avons vu, un concept supplémentaire, extrêmement important et stimulant (provocative) qui peut être éliminé des apports loewaldiens, et qui fut un terrain moins fréquenté : nos esprits organisent nos expériences selon différents principes, structures organisationnelles variables. Ces plans d'organisation apparaissent successivement au cours du développement, mais ils fonctionnent aussi simultanément dans l'expérience adulte, sur un continuum allant du conscient à l'inconscient. Le plus souvent, Loewald met en contraste les processus primaires et les processus secondaires, "niveaux d'organisation", variables selon les degrés d'articulation des limites spatiales entre soi et l'autre, intérieur et extérieur, et [selon] les limites temporelles entre passé, présent et futur. Ogden (1989) a plus récemment présenté une vision analogue de l'esprit, organisé, simultanément, en différents "modes" : autistic-contiguous, paranoïde-schizoïde, et historique. Les modes de Ogden, comme les niveaux de Loewald, varient selon les degrés d'articulation des limites spatiales autour de soi et entre soi et les autres, la scission (split) contre les relations d'objet total dans l'expérience de la réalité, et la prise de conscience de l'irréversabilité du temps. Comme Loewald, Ogden comprend ces modes comme naissant successivement pendant le développement précoce, mais aussi comme opérant ensemble dans une tension dialectique, tout au long du cycle de vie. Un seul mode correspond au premier-plan conscient de l'expérience à un moment quelconque, mais les autres traitent toujours aussi l'expérience selon leurs propres conditions.
Le projet de ce chapitre est d'esquisser ces principes, afin d'introduire quatre différents modes ou catégories pour rassembler (housing) et comparer différentes perspectives sur, et différentes causes de la relationalité. Je vais proposer quatre dimensions interactionelles, quatre modes fondamentaux au travers desquels opère la relationalité. Comme la distinction de Loewald entre les processus primaires et secondaires, et comme les modes autistic-contiguous, paranoïde-schizoïde et historique d'Ogden, les modes que je démêle et décris s'étendent, progressivement, à des degrés de sophistication organisationnelle. Le mode 1 concerne ce que les gens font vraiment les uns avec les autres -comportement pré-symbolique, non-réfléchi ; les moyens par lesquels les champs relationnels sont organisés autour de l'influence réciproque et de la régulation mutuelle. Le mode 2 est l'expérience partagée d'un affect intense qui traverse des limites perméables*. Le mode 3 est l'expérience organisée en self other configurations. Le mode 4 est l'intersubjectivité, la reconnaissance mutuelle de personnes en tant qu'agents conscients d'eux-mêmes.

*limites spatiales dont on a parlé plus haut, je pense. Il serait donc ici question de l'empathie.

monochrome.dream

Par que-vent-emporte le Lundi 21 juin 2010 à 13:43
On est surpris de voir de nombreux acquis de l'école anglaise imputés ici au seul Hans Loewald et on attend avec une certaine impatience que Mitchell nous propose une conception vraiment originale.
Il semble le faire ici en se centrant non sur le sujet mais sur la relation elle-même, et en distinguant ses quatre modes d'interaction. Comme chacun d'eux sera ultérieurement l'objet d'une présentation détaillée, je m'abstiens de toute remarque prématurée.
 

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