Avertissement aux amateurs de copier-coller et aux gardiens de l'orthodoxie
Ce texte est un document de travail, pas un exposé magistral. Son contenu ne saurait faire autorité.

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La méthode de l'interprétation du rêve
Analyse d'un échantillon de rêve

100
Proposition 1
Les rêves sont susceptibles d'une interprétation.
C'est l'affirmation primordiale de l'ouvrage et elle ne va pas de soi.
- Un rêve veut donc toujours dire quelque chose.
- Ce qui pose d'emblée deux questions :
a) Celle de la fonction signifiante du rêve : qu'est-ce que le rêve signifie et à quoi cela peut-il servir qu'il ait un sens ?
b) Celle de l'interprétation proprement dite : comment accède-t-on à ce sens ?

« … car interpréter un rêve, cela veut dire indiquer son « sens », le remplacer par quelque chose qui s'insère dans l'enchaînement de nos actions animiques comme un maillon d'une importance pleine et entière et de même valeur que les autres. »

Le rêve demande donc à être remplacé par du sens.
Retenons dans cette citation la notion d'enchaînement, la métaphore de la chaîne : le sens du rêve est un maillon dans une chaîne de sens.
101
Le rêve remplace un autre processus de pensée.
104-105
Présentation historique du problème
« Il me faut affirmer que le rêve a effectivement une signification et qu'un procédé scientifique d'interprétation du rêve est possible. Je suis parvenu à la connaissance de ce procédé de la manière suivante : … »
C'est dans le traitement de « certaines formations psychopathologiques (phobies hystériques, représentations de contrainte, etc.) que Freud s'est trouvé confronté au rêve.
Reprenons en détail l'exposé de Freud.
- Freud se situe dans la ligne de Breuer.
- Expliquer le symptôme, c'est en libérer le patient.
« Si l'on a pu ramener une telle représentation pathologique aux éléments dont elle procède dans la vie d'âme du malade, cette représentation est d'ailleurs désagrégée et le malade en est libéré. »

Lors du travail d'élucidation : « Les patients à qui j'avais fait l'obligation de me communiquer toutes les idées incidentes et pensées qui s'imposaient à eux à propos d'un thème déterminé me racontaient leurs rêves et m'apprenaient ainsi qu'un rêve peut se trouver inséré dans l'enchaînement psychique qu'on doit suivre en amont dans le souvenir à partir d'une idée pathologique. »
On retrouve ici la notion de maillon.
Le rêve apparaissait comme un symptôme. On était porté à lui appliquer la même méthode d'interprétation que pour les symptômes.

Méthode
a) Une certaine préparation psychique du malade est nécessaire en vue :
- d'intensifier l'attention pour les perceptions psychiques ;
- de mettre hors circuit la critique visant les pensées qui émergent.
Il s'agit de prendre en considération et de communiquer tout ce qui passe par l'esprit, y compris les idées incidentes.
106
La condition psychique de l'homme qui réfléchit (nachdenkt) est tout autre que celle de l'homme qui observe ses processus psychiques.
La différence est dans l'abandon de l'attitude critique, qui conduit :
- à rejeter une partie des idées incidentes ;
- à ne pas suivre les chemins de pensée que d'autres ouvriraient ;
- à maintenir hors de la conscience d'autres idées encore.

Une multitude d'idées incidentes viennent à la conscience de celui qui abandonne l'attitude critique.
« Il s'agit d'instaurer un état psychique ayant en commun avec celui précédant l'endormissement (et l'état hypnotique) une certaine analogie dans la répartition de l'énergie psychique. »

L'énergie consacrée à la critique diminue tandis qu'augmente celle consacrée à la poursuite des idées non voulues (auto-observation).

Lors de l'endormissement, des représentations non voulues se transforment en images visuelles et acoustiques.

Des représentations non voulues, on fait des représentations voulues.

108
« La plupart de mes patients y arrivent après la première instruction ; moi-même, je puis le faire parfaitement bien si je me procure un appui en mettant mes idées incidentes par écrit. »
- La consigne est facile à comprendre et s'applique sans peine.
- La remarque de Freud : « … je puis le faire parfaitement bien si je me procure un appui ». Cet appui, dans l'analyse est fourni par l'analyste ou plutôt par la situation de communication propre à l'analyse. Il faut insister sur cette nécessité d'un appui. Cette remarque ouvre par ailleurs des perspectives sur la création littéraire. Ne serait-elle pas faite justement d'un enchaînement d'idées incidentes ?

Méthode
b) Ne pas attacher l'attention au rêve dans sa totalité, mais sur telles ou telles parties de son contenu.
« Quand je demande au patient non encore exercé : « Que vous vient-il à l'idée à propos de ce rêve ? », il n'est pas en mesure, en règle générale, de saisir quoi que ce soit dans son champ de vision mental. »
Il faut saisir le rêve sous une forme fragmentée.
Pour chaque fragment, une série d'idées incidentes : pensée d'arrière-plan de cette partie du rêve.
Il s'agit de concevoir le rêve d'emblée comme quelque chose de composé : un conglomérat de formations psychiques.

Analyse d'un rêve : l'injection faite à Irma

Freud commence par justifier son choix : il analysera l'un de ses propres rêves.

Remarques incidentes mais tout à fait importantes :
a. Le thème qui est dans la ligne de mire des rêves de névrotiques est toujours l'histoire de maladie qui est à la base de la névrose.
b. « Je m'attends à ce que chez des personnes différentes et aussi dans un contexte différent, le même contenu de rêve puisse cacher aussi un autre sens.

110
L'analyse d'un rêve comporte trois parties
a) Le rapport préliminaire comporte toutes les circonstances pouvant éclairer le rêve. On va chercher dans le réel tout ce qui peut aider à la compréhension du rêve.
111
b) La transcription du rêve
(Voir le texte de Freud.)
112
c) L'analyse du rêve
Le récit du rêve est repris phrase par phrase et expliqué.
Je ne vais pas ici reprendre le rêve lui-même, car l'analyse de Freud est difficilement résumable. Chacun se reportera avec profit au texte lui-même. En revanche, je vais m'efforcer de tirer de cette analyse tous les éléments qui nous permettront de comprendre la démarche de Freud. La portée de certaines remarques se limite au rêve lui-même ; d'autres ont une importance méthodologique tout à fait générale.

L'analyse du rêve se déroule elle-même par associations selon le principe du relâchement de l'activité critique.
115-122
- Le rêve est clairement rattaché à des événements de la veille.
- Ce rêve-ci anticipe un événement prévu qu'on est en train de préparer.
- Le rêve répond à une intention que l'on peut identifier. Ici, la disculpation ( ce n'est pas ma faute).
- Un personnage peut en cacher un autre (substitution) : dans son apparence, l'Irma du rêve diffère de l'Irma réelle ; on doit penser qu'une autre personne est en cause et se substitue à elle dans le rêve.
- Lors d'une analyse attentive, on sent si l'on a épuisé ou non les pensées d'arrière-plan auxquelles il faut s'attendre.
- Nouvel indice de substitution de personne : un troisième personnage se profile derrière Irma.
- On reconnaît un lien entre les trois personnages : elles sont récalcitrantes au traitement de Freud.
- Métonymie : Freud examine la bouche de la patiente ; sa bouche s'ouvre fort bien. L'organe renvoie à l'une de ses fonctions, la parole : cette patiente en dirait plus qu'Irma.
- Ce que Freud voit dans la bouche d'Irma lui fait penser à sa propre fille et à lui-même.
- Un adverbe (J'appelle vite en consultation le Dr M. …) rappelle une erreur médicale commise sur une patiente portant le même nom que la fille aînée de Freud, Mathilde. Encore la culpabilité.
- Un personnage secondaire, également identifié, présente des caractère qui appartiennent à une autre personne, le propre frère de Freud.
- Des personnages différents sont comparés. Les caractéristiques de l'un mettent en relief les caractéristiques opposées de l'autre.
- Glissement (rail sur lequel la liaison de pensée se déplace dans le rêve) : de l'enfant malade à l'Institut des enfants malades.
- Freud repère sur la patiente un symptôme qu'il ressent lui-même.
- La manifestation dans le rêve des symptômes d'une affection organique permet à Freud de noter que son procédé de traitement n'est pas en cause dans l'échec qu'il rencontre avec Irma.
- La formule chimique : triméthylamine. Dans un seul mot se rencontrent un grand nombre de choses importantes : allusions au facteur surpuissant de la sexualité, à une personne en particulier.
- Un élément (inflammation veineuse) permet la réunion, voire la superposition dans le même rêve de trois personnes : la femme de Freud, Irma, la défunte Mathilde.
123

« Pendant ce travail, j'avais du mal à me défendre contre toutes les idées incidentes que la comparaison entre le contenu du rêve et les pensées du rêve cachées derrière ne pouvaient manquer de susciter. »
J'ai évidemment de la peine à comprendre cette phrase. Il semble qu'il y ait un conflit entre la position du rêveur qui énonce sans se défendre toutes les idées incidentes qui lui viennent, et l'interprète qui doit organiser son interprétation.

L'analyse de chaque élément du rêve étant achevée, on passe à la synthèse.

a) Etablissement du « sens » du rêve
Le rêve accomplit quelques souhaits qui ont été éveillés par les événements de la dernière soirée.
« Ce n'est pas moi, c'est Otto qui est responsable des souffrance d'Irma. »
« Le rêve présente un certain état des choses tel que j'aimerais le souhaiter ; son contenu est donc un accomplissement de souhait, son motif un souhait. »

b) Remise en perspective des éléments du rêve à partir de ce sens établi
On y retrouve une série redondante d'arguments qui contribuent sans souci de cohérence à disculper Freud.

- Les personnages susceptibles de reprocher quelque chose à Freud ou de lui résister sont disqualifiés.
Acharnement contre Otto
La veille, Otto avait fait une remarque qui a été reçue par Freud (inconsciemment) comme un reproche.
Dans le rêve, Freud impute à Otto et non à lui-même la mauvaise santé d'Irma ; mais en plus, il lui reproche de lui avoir fait cadeau d'une liqueur gâtée ; enfin, il oppose à Otto le désaveu d'un confrère plus fiable. Otto est « congédié » au profit de Léopold.
Vengeance contre une patiente indocile
Freud lui substitue dans le rêve une patiente plus raisonnable. Irma est « congédiée » au profit d'une autre patiente.
Dénigrement du Dr M. à qui on fait dire des stupidités.

- Irma est responsable de son état de santé parce qu'elle refuse la solution proposée par Freud.

- Et puis de toute manière, l'affection dont souffre Irma est d'origine organique. Freud n'y est donc pour rien.
125
« Tout le plaidoyer – ce rêve n'est rien d'autre – rappelle vivement la défense de l'homme qui était accusé par son voisin de lui avoir rendu un chaudron en mauvais état. Premièrement, il l'avait rapporté intact, deuxièmement, le chaudron était déjà troué lorsqu'il l'a emprunté, troisièmement il n'a jamais emprunté le chaudron à son voisin. Mais c'est tant mieux : si une seule de ces trois manières de se défendre est reconnue comme recevable, l'homme doit être acquitté. »

Conclusion du chapitre
L'ensemble des données du rêve renvoie à une seule sphère de pensée : soucis concernant la santé, celle de Freud et celle des autres.

Le malaise ressenti à la réception de la remarque d'Otto sur la santé d'Irma signifie : tu n'es pas un médecin consciencieux.

Tous les éléments du rêve sont mobilisés pour prouver le contraire à tout prix.
126
Proposition 2
Une fois achevé le travail d'interprétation, le rêve s'avère être un accomplissement de souhait.


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