Ce texte est un document de travail, pas un exposé magistral. Son contenu ne saurait faire autorité.
Autour de la lecture des Méditations cartésiennes
Vous voulez aborder Husserl ? Alors prenez garde au mot philosophie. Retirez-le du bourbier dans lequel il est tombé. L'objet principal de la philosophie de Husserl n'est pas une vague sagesse, une vague morale, une vague critique de la vie de fous que nous menons, mais bien la philosophie elle-même.- Qu'est-ce que connaître ?
- Peut-on expliquer pourquoi les sciences « fonctionnent » ?
- Peut-on donner à la connaissance un socle de certitudes qui légitimerait et unifierait l'ensemble des sciences ?
Husserl se réclame de Descartes. La phénoménologie transcendantale est un cartésianisme. Bien que critique à l'égard des résultats de la pensée de Descartes, Husserl reprend pleinement à son compte le projet de celui-ci.
Constatant une contradiction profonde et irrémédiable entre l'essor rapide et fructueux des sciences naissantes et la philosophie qui devrait en rendre compte, Descartes a voulu soumettre celle-ci à un doute radical et a entrepris de la refonder sur un nouveau socle de certitudes.
La réforme cartésienne n'a pas abouti. La philosophie nouvelle ne s'est pas imposée comme l'unité universelle des sciences. Les scientifiques s'en sont peu souciés et, selon Husserl, Descartes lui-même n'a pas été en mesure de tirer toutes les conséquences du cogito.
Avec sa phénoménologie transcendantale, Husserl prétend reprendre à son compte l'entreprise cartésienne.
Est-ce bien nécessaire ? Les sciences d'aujourd'hui ont-elles besoin de la philosophie ? Ne s'en sont-elles pas affranchies une fois pour toutes ?
Il y a pourtant bien un problème. Si elles ne se réclament pas de la philosophie, les sciences, même les plus performantes, en ont une, implicite, dont elles dépendent, une forme d'objectivisme naïf qui ne vaut pas grand-chose.
Tout se passe en effet comme si le scientifique accédait directement au réel, comme si la science était l'expression immédiate de son objet.
Or, nous pouvons être sûrs que ce n'est pas le cas. Ce n'est jamais sur le réel que nous travaillons, mais sur la représentation que nous en avons, et la véracité de cette représentation demande à être fondée.
Tel est le projet de Husserl.
Texte allemand des Pariser Vorträge ici.
Par contre, il est vrai que la science n'a pas suivi l'impulsion idéaliste de Descartes, et je comprends qu'Husserl, que l'égo semble pas mal préoccuper, s'en soit inquiété... Toujours est-il que je trouve ça bizarre : un idéaliste qui apporte énormément aux réalistes purs et durs, mais qui, dans le fond, ne change que leur façon de raisonner et non leur perception.
Enfin je m'égare, je ne connais rien d'Husserl.
Je te remercie pour l'article :)
(pouvais pas m'empêcher de mettre un petit mot quand même, pas que CB se sente abandonné ;)